La psychologie, tout comme le reste du corps médical, a fait preuve de sexisme et de misogynie, et bien que beaucoup d’avancées ont été faites, le problème continue de perdurer encore aujourd’hui.
D’un point de vue historique, dès la fin des années 1980, des professionnels de la santé et des chercheurs en médecine ou en sociologie, sous l’impulsion des mouvements féministes, ont fédéré le premier discours portant sur la nécessité d’intégrer la dimension du sexe et du genre dans la médecine et la recherche clinique.
Dès les années 1990, la Food and Drug administration (FDA), en charge de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments, a souhaité faire progresser la qualité des essais cliniques en y incluant désormais la représentation des femmes. En effet, la réalisation d’essais cliniques sur des sujets hommes et femmes n’existent que depuis 20 ans en Europe ; les femmes étaient avant mises à l’écart de toute recherche médicale. La sous-représentation des femmes, voire leur invisibilité médicale, a rendu ce genre bien plus vulnérable en vue de nombreuses maladies qui n’avaient jamais été étudiées au niveau symptomatiques chez le corps féminin.
De plus, en France, les questions telles que ‘Comment le cycle menstruel influence les seuils de douleur et les pathologies ? Comment la symptomatologie d’une maladie/condition d’un homme diffère de celle d’une femme ?’ sont arrivées de manière bien trop tardive. La représentation des femmes est donc arrivée très tardivement dans le milieu médical, et une fois présente, nous y retrouvons des stéréotypes reliés à certaines maladies et conditions qui continuent de promouvoir un sexisme virulent.
Pour exemple, l’infarctus du myocarde est sous diagnostiqué chez les femmes car cette maladie est souvent associée au profil d’un homme - profil plus ou moins stéréotypé d’une quarantaine d’années, stressé au travail, en surpoids et qui consomme beaucoup d’alcool. Ce stéréotype, pourtant répandu dans et par le corps médical, a empêché la symptomatologie de cette maladie chez les femmes d’être reconnue et a pour conséquence d’être passé à côté de diagnostiques.
En ce qui concerne la santé mentale, à l'inverse, la dépression apparaît comme une pathologie dite "féminine", les femmes étant en moyenne deux fois plus touchées par les troubles dépressifs que les hommes. Les statistiques sont là, pourtant les explications, elles, peinent à faire sens. L’explication souvent la plus avancée est celle que les femmes sont plus influencées par les fluctuations hormonales dues à leurs cycles menstruels, à la grossesse ou bien la ménopause. Or, des recherches plus récentes montrent que les facteurs biologiques ne jouent qu’un rôle minime face à l'influence de l'environnement économique et socioculturel qui expose davantage les femmes aux risques de dépression. Les emplois précaires, le manque de ressources, les charges domestiques et familiales et les violences sexistes et sexuelles constituent en effet un risque majeur pour la santé mentale et physique des femmes. Les femmes sont plus enclines à vivre des blessures traumatiques et gynécologiques, de troubles psychiques et psychosomatiques, d’avoir de l’anxiété, des conduites addictives, et bien plus encore, non pas par leur disposition génétique mais pour cause du sexisme omniprésent à travers la société ; une société qu’on pourrait définir de ‘mal adaptée’ pour le bien-être et la santé des femmes.
Ce pourquoi, depuis une vingtaine d’années, la recherche médicale internationale évolue pour intégrer la question du genre dans les pratiques et les thématiques de recherche ainsi que de mettre un point d’honneur à faire la différence entre le sexe et le genre :
« Il est important de faire la distinction entre les différences de santé liées au sexe et les inégalités de santé liées au genre. Lorsque l'on parle de différences de santé, on se réfère essentiellement aux déterminants du sexe biologique, alors que les inégalités de santé concernent les facteurs socioculturels et économiques liés au genre. Ainsi les codes sociaux de genre chez les patient(e)s influencent l'expression des symptômes, le rapport au corps et le recours aux soins. De la même manière, chez les professionnels de santé, les représentations sociales des maladies dites féminines ou masculines influencent l'interprétation des signes cliniques et la prise en charge médicale. Ces normes de genre viennent de loin car la médecine a été construite historiquement autour du corps masculin » Catherine Vidal, Neurobiologiste, membre du Comité d’éthique de l’Inserm.
Nous constatons donc que la recherche médicale essaie d’inclure les femmes afin de lutter contre l’inégalité des sexes. Cependant la question du genre doit encore être réglée puisque la médecine met souvent de côté l’inégalité des genres - en ignorant les facteurs économiques et socioculturels bien trop souvent désavantageux pour les femmes.
Nous pouvons en conclure qu’intégrer le genre dans la médecine, la recherche et plus particulièrement la psychologie, répond à un questionnement à la fois scientifique et éthique. L’objectif est de prendre en compte la façon dont les rôles sociaux et le contexte culturel influencent la santé des femmes et des hommes sur le plan physiologique et psychologique.
Bibliographie :
Genre et santé · Inserm, La science pour la santé. (s. d.). Inserm. https://www.inserm.fr/dossier/genre-et-sante/
P, J. (2023, 7 septembre). Quelle égalité des chances entre hommes et femmes dans la santé ? Santé Sur le Net, L’information Médicale Au Cœur de Votre Santé. https://www.sante-sur-le-net.com/egalite-chance-homme-femme-domaine-sante/
VIDAL C, Rapport du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes," Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique"
Inégalités de santé entre femmes et hommes : comment agir concrètement ? (s. d.). Institut Montaigne. https://www.institutmontaigne.org/expressions/inegalites-de-sante-entre-femmes-et-hommes-comment-agir-concretement
Santé Publique France, 2021. Discriminations : un enjeu majeur de santé publique. https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/migration/2021/05/Dossier-de-presse-Impact-des-discriminations-sur-la-sante-Vdef.pdf
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